When the sh*t hit the fan (PNJ The undying)

Encore une belle journée qui s'achève sur le district. SS avait passé la journée à patrouiller dans le souk à pratiquer son activité favorite, trouver des gens en défaut, le moindre petit défaut. Comme à son habitude il s'était concentré à surveiller plus particulièrement les mutants et zoomorphes. Aujourd'hui il n'avait fait boucler personne, mais la journée avait été intéressante. Rien de plus à en dire.

Il terminait son quart de travail dans le quartier des usines. Il détestait se promener dans ce secteur, celui-ci étant particulièrement pollué de radiation, mais comme il n'y allait presque jamais, il fallait bien qu'il apprenne à le connaître au cas où il aurait besoin d'y intervenir un de ces quatre. Le milicien avait marché en sillonnant les rues et ruelles, tentant de mémoriser le quartier. À cette heure du jour, les travailleurs étaient partis et personne n'aimait s'attarder vraiment ici. Il était pratiquement seul, du moins il n'avait croisé que quelques passants qui quittaient les usines pour rentrer chez eux. Malgré la température clémente en cette fin d'été, il avait le sentiment que quelque chose flottait dans l'air. Pour une raison qui lui échappait, peut-être était-ce le quartier en lui-même, il se sentait nerveux. Il avait la main posée sur son beretta, accroché à sa ceinture tout en tentant d'avoir l'air décontracté. Ce n'était pas trop efficace...

En apercevant ce qui lui semblait à première vue être un zoomorphe, SS se dit que la journée ne se terminerait peut-être pas trop sur une touche morne. Il s'approchait de lui, un sourire baveux accroché au visage lorsqu'il entendit la voix. Cherchant d'où elle provenait, son coeur fit environ 20 tours sur lui-même en voyant le comité d'accueil qui le cernait. Cette... femme? Androïde ou cyborg qui sait... connaissait son nom. Il ouvrit la bouche comme pour répondre mais pris la sage décision de tourner sept fois la langue avant de parler. Il étudiait la situation.

Il était seul, ils étaient 6. Il n'avait d'un petit beretta et un couteau, ils étaient armés jusqu'au dent, sans comptoir cette espèce de panthère qui semblait tout sauf commode. Il tentait de garder son sang froid. Il savait bien qu'un jour quelqu'un se vengerait de ses abus de pouvoir mais il ne s'attendait clairement pas à se retrouver dans CETTE situation là. Il inspira, tentant de contenir le stress qui l'empoisonnait petit à petit et s'adressa à la rouquine.

- Je ne m'en prend pas à quelqu'un qui ne fait rien de mal. Ni zoomorphe, ni humain, ni androïde.

Bravo la réponse merdique. Si ces types le connaissaient par son vrai nom, c'est qu'ils avaient probablement des sources et donc qu'ils savaient à qui ils avaient affaire et donc... inutile de mentir. Tout le monde savait que des motifs, c'est facile à trouver quand on a un peu d'imagination. Il tourna plusieurs fois la tête pour observer l'attroupement. Est-ce que c'est ça, le karma?

- Écoutez... je ne sais pas ce que vous voulez exactement... si j'ai fait quelque chose contre quelqu'un qui vous est cher je m'en excuse, mais je ne fais que mon travail.

Il tentait de garder un ton de voix calme.

Les seuls mots qui tournaient en boucle dans son crâne était qu'il allait mourir. La femme rousse lui donnait l'opportunité de s'expliquer, mais il ne savait même pas comment il pourrait justifier ses actes. Il avait vu avec quelle barbarie des gens avaient été exécutés dans le District et de se savoir face aux assassins le faisait paniquer. Il se râcla la gorge. Quoi faire, quoi dire... Joue franc-jeu? Allons donc, il n'allait pas se mettre à chialer sa vie ici... le petit garçon persécuté, mal aimé, maltraité, qui s'est enrolé dans l'armée, qui finalement est presque mort mutilé, qui a été sauvé juste avant que le district ait explosé. Wouha. Ça rime en plus.

- Il est vrai que je surveille davantage ces... type de personne. Avec l'escalade de la violence dans le district, on a prouvé mainte fois que la majorité du temps les instigateurs sont soit des mutants, soit des zoomorphes. Il est donc normal que je porte une plus grande attention à ces gens.

En plus, c'était pas faux. Mais ça n'expliquait pas pourquoi il s'acharnait carrément. Que beaucoup avaient juste peur de lui. Cela dépassait largement le cadre de «faire respecter la loi»...

- J'ai peut-être tort. J'admet faire du zèle à l'occasion. J'ai mon travail à coeur c'est tout.

Il transpirait. Il ne pouvait même pas se permettre de recevoir ne serait-ce qu'une balle ou un coup de couteau, il en mourrait probablement. Foutue petite nature fragile.

Décidément il avait affaire à une bande de tordus... un lavement d'estomac à l'acide? Le milicien ne pu réprimer un frisson. C'était vraiment barbare comme façon de faire... et puis à 6 contre 1, c'était d'autant plus déloyal. Il alternait le regard entre les divers protagoniste et lorsque la rousse repris la parole, il fronça les sourcils. La peur faisait lentement place à la frustration.

- Écoutez. Je ne sais pas ce que vous attendez de moi exactement, cependant vous ne pouvez pas me tenir responsable de la persécution d'une race entière! Oui, j'admet avoir fait des choses dont je ne suis pas fier, m'être souvent acharné sur des pauvres gens pour satisfaire une vendetta personnelle, mais je n'ai jamais... écoutez... ce qui effraie le plus la population non humaine de ce district, ce n'est pas un milicien aux méthodes peu orthodoxe. C'est l'inquisition, c'est l'escalade croissante de la violence, la peur de se faire agresser...

Il fit une pause pour ravaler sa salive. Son ton était ferme et un peu sec mais tout de même poli.

- Je ne nie pas avoir été délibérément méchant avec certaines personnes, et je ne vous prend pas pour une conne, comme vous dite. Je regrette ce que j'ai fais, et je ne dis pas ça à cause de vous tous ici présent. Je le regrette vraiment, mais je ne suis pas l'ennemi de ce district. Je n'ai jamais tué ou même gravement blessé qui que ce soit, OUI, j'ai menacé des gens, OUI, j'en ai fais boucler quelques-uns en cellule pour 1,2 ou 3 jours pour des motifs un peu grotesques, ce qui n'est pas très sympa je l'admet, mais je n'ai pas décimé de famille, je n'ai pas incendié de commerce, je n'ai pas... écoutez, je ne sais pas ce que vous avez entendus à mon sujet, mais la réalité est probablement beaucoup moins grave.

Il était épuisé. Il essayait tant bien que mal de peser ses mots pour éviter d'attiser la colère de la rousse et des autres, mais il était excédé.

- Que voulez-vous exactement... dites-moi, qu'on soit fixés.

Dit-il finalement, d'une voix éteinte.

Les épaules du milicien se détendirent lorsque la rousse lui dit qu'elle n'avait pas l'intention de le tuer comme un chien ici ce soir. Son sourire n'avait rien de rassurant et il ignorait s'il pouvait faire confiance à cette femme lorsqu'elle disait cela, mais c'était tout de même mieux qu'une promesse de l'écorcher vivant. Il fronça toutefois les sourcils à sa question. Il se redressa, visiblement outré.

- Il semblerait que finalement vous ne soyez pas si bien renseignée sur mon cas pour penser que je puisse me terrer dans mon trou et lécher les bottes du plus avantageux des camps. Ça n'a jamais été mon genre et ça ne changera pas aujourd'hui. Je prendrai le côté de ceux qui selon moi ont raison. Et pour le moment, ce n'est pas celui de l'inquisition et sauf votre respect ce n'est pas le votre non plus. Comment appelez-vous ce que vous faites ici, et ailleurs? De la justice? Oh, non. Ce n'est pas de la justice. C'est votre interprétation de ce qu'est la justice. Incluant un régime de terreur. Je ne dis pas que je détiens la solution universelle, aillant moi-même une interprétation de la justice qui n'est pas partagée de tous, mais je ne tue personne, moi.

Il respirait rapidement, résolument frustré.

- Le vengeance engendre la vengeance, j'en sais quelque chose et je ne doute pas que vous tous aussi. Même en exécutant les enculés de ce monde, il y en aura toujours d'autres qui resurgiront, ne serait-ce que pour venger ceux qui ont été torturés et tuer par des illuminés de votre genre. J'ai tort de faire ce que je fais, je le sais, mais je ne peux pas changé ce qui a été fait. Je peux seulement faire des efforts pour ne pas le reproduire dans l'avenir. C'est déjà beaucoup plus que bien des gens. Voyez-vous, j'ai toujours fais ce que je fais dans ce district dans un esprit de vengeance, je l'admet. Vous me direz que c'est facile à dire, que c'est juste une bonne excuse pour être cruel. Je vous retournerai donc le compliment. Quand on a plus rien à perdre parfois on fait de drôle de choses.

Il soupira en baissant la tête. Il tremblait de rage. Trop de souvenirs affluaient dans sa tête. Il devrait supporter les mutants et zoomorphes de ce monde, mais eu lieu de ça il se vengeait constamment des violences que des gens de ces races lui avaient fait subir par le passé. De ceux qui l'avaient détruit. Et de qui il n'a jamais pu se venger car ils étaient morts, probablement trop vite et sans trop souffrir. Il serrait les dents alors que ses yeux se remplissaient de larmes. Quelle mauviette... tu ne vas pas te mettre à chialer ici...

- Maintenant... je peux partir où vous avez encore des questions? Ou bien vous avez changé d'avis et vous préférer m'achever. Allez-y. Vous êtes venus pour ça au fond, non? Et bien vous avez trouvé une cible facile, félicitation. À 7 contre 1, je n'aurai sans doute même pas l'opportunité de me défendre, en supposant que je le veuille. Je n'avais pas besoin de vous pour savoir que je suis un salopard, j'espèrais seulement que ceux qui réclameraient vengeance serait de ceux à qui j'avais pu déjà causé des ennuis et non une escouade de tueurs armés jusqu'au dent qui jouent les justiciers. Vous savez quoi? Faîtes vous donc plaisir. Je n'ai plus rien au monde sauf ma diginité et le désir de me racheter, mais c'est bien peu payé pour racheter mes torts, n'est-ce pas?

ajouta-t'il, excédé par la situation.

Pour toute réponse à la femme rousse, SS hochait la tête. Oui, s'il le fallait il tuerait quelqu'un pour sauver des innocents. Il l'avait fait à plusieurs reprises par le passé dans son ancienne vie et le referait sans hésiter. Il détourna le regard vers la femme dénommé Sloth lorsqu'elle s'approcha. Il afficha un air légèrement surpris lorsqu'il vit 5 des 7 partir. Ils semblaient plutôt unis pour ce qui lui avait sembler être un bande de meurtriers. Au final, ces gens... ou moitié gens moitié choses il n'était pas fixé, avaient une morale qui leur était propre. Ce n'était pas une mauvaise chose.

Lorsque Sloth s'adressa à lui, il lui fit un mince sourire. C'était donc elle qui, selon la femme rousse, croyait en lui? Que d'honneur. Il écouta ses paroles puis pris quelques secondes pour réfléchir une fois qu'elle eut fini de parler.

- Oui, bien sûr vous pouvez m'appeller par mon prénom. Je... regrette vraiment. Honnêtement mentir ne m'est d'aucun intérêt dans la situation présente puisque jusqu'à la dernière minute, j'avais le profond sentiment que je ne reverrais jamais le soleil se lever.

Il dévisagea la femme un instant. Quelque chose en elle lui inspirait non seulement confiance mais également beaucoup de compassion, ce qui était plutôt rare chez lui, du moins depuis son arrivée au 6.

- Je vous dirais actuellement que le camp que je choisirait, même si je n'y aurait probablement que peu d'allié vu la réputation que j'ai dans le coin, ce ne serait pas celui des fanatiques inquisitorial et de la haute gouvernance. Je suis peut-être ici depuis peu de temps, quelques années à peine, mais j'en ai assez vu pour savoir que ce District n'est pas gouverné dans l'intérêt de son peuple alors que pourtant c'est ce dernier qui le tient debout. Alors... si j'avais un choix à faire, en tout franchise, je combattrais au côté de ceux qui me détestent sans doute le plus en ce moment. Pour ce qui est d'un monde idéal je peux difficilement me prononcer... un monde dans guerre et sans violence relèverait davantage de l'utopie que de l'idéal mais je rêverais d'un monde où on se sent en sécurité et où on a le sentiment et la preuve que ceux qui sont en position de pouvoir travaillent pour nous et non pour eux.

Il dévisagea Sloth tout au long de son discours. Il ne savait pas s'il était d'accord ou non avec ce qu'elle disait, mais il est sûr que ça avait du sens, du moins en partie. Effectivement on ne peut arriver à quelque chose si tout le monde prend pour soi et ne fait qu'à sa tête. Il restait cependant convaincu qu'un monde de paix totale était une utopie. Finalement, elle lui proposa son aide...

- ... T'aider à racheter ma dette? Pourquoi voudrais-tu m'aider à me racheter? Il n'y a pas 5 minutes un de tes compatriotes proposait de m'ouvrir en deux et l'autre de plutôt me faire un lavage d'estomac à l'acide, pendant que l'autre voulait des explications sur mon comportement, et puis savoir je suis dans quel camp dans toute cette merde, et ça avait vraiment l'air de lui plaire que j'ai l'air un peu paniqué et dépassé par les évènements et puis là, ça va, maintenant que j'ai admis mes torts et que j'ai admis que je regrette, tout est rose et tu veux m'aider à me racheter? C'est quoi cette saloperie de cirque?!

Là, il était vraiment hors de lui. Il criait. Non mais pour qui ils se prenaient tout ces gens? Qui étaient-ils, en premier, et qu'étaient-ils en fait même? Il passa sa frustration sur une roche au sol en la bottant de toute ses forces. Elle éclata en morceau sur un mur à sa gauche.

- Et puis pour cette utopie, il faudrait d'abord arrêter de former des soldats, de fabriquer des armes et des machines de guerre. Et ça, ça n'arrivera jamais. Pour la simple et bonne raison que la meilleure façon de faire rouler une économie, c'est la guerre. C'est extrêmement payant et les pachas qui sont assis sur leur siège tout en haut de la chaîne à se faire gratter le cul par ses sous-fifres qui eux-même se font lécher les couilles par d'autres sous-fifres, c'est gras du bide là s'en foutent de ceux qui meurt, de ceux qui volent, de ceux qui violent. Ils les fournissent en arme pour alimenter leur beau jeu d'échec. Parce que ça les fait rire! HAHA! comme ça!

Il parlait avec beaucoup de véhémence en gesticulant. Avec tout ça il avait presque oublié de respirer. Il secoua la tête, les bras pendants. Racheter sa dette... son orgueil faisait ses valises, lentement mais sûrement.

- Comment veux-tu que je rachète ma dette... je leur offre des fleurs? Avec un petit mot pour leur dire «Hé, désolé d'avoir été un salaud tout ce temps, on repart en neuf, o.k?» ... je suis désolé, je ne sais pas comment on fait ce genre de chose...

Il s'était radoucit, malgré son ton ironique. Il était sincère dans ses propos. Il ne savait vraiment pas comment se faire pardonner. Ou bien c'est qu'il ne comprenait pas ce qui était si grave dans tout ça. Il se sentait embrouillé, une fois le stress de la situation retombé...

Et bien voilà. Les divergences d'opinions. C'est ce que ça donne. SS écoutait Sloth parler sans dire un mot. Son ton avait changé et il ne s'en étonnait pas vu la manière dont il avait lui-même parlé. Il se disait qu'il en avait marre de cette conversation. Il n'aimait pas particulièrement se faire insulter, encore moins par une femme, mais il contenait sa fureur puisqu'il savait bien que ça ne mènerait nul part. Elle avait probablement raison, pas dans le fait qu'il n'avait pas de couilles mais plutôt qu'il était totalement désabusé.

Lorsqu'elle l'agrippa pour le projeter contre le mur, il ne l'avait décidément pas vu venir. La femme pu d'ailleurs remarqué, peut-être, qu'il était incroyablement léger... Sous la surprise il s'écrasa contre le mur, le souffle coupé. Il entendit à peine ses paroles lorsqu'elle le releva par la gorge. Il était vraiment sonné et avait énormément de mal à respirer, pas seulement à cause de la main sur sa gorge. Pour toute réponse, il appuya ses mains sur les bras de la femme, les yeux fermés. Il aurait bien dit oui ou quoi que ce soit mais aucun son ne sortait de sa bouche. Il ouvrit la bouche et les yeux écarquillés, mais tout ce qui en sortit fut un toussotement rauque et un filet de sang.

Sous la torsion, le milicien avait eu un cri de douleur. Malgré l'air qui lui manquait, un cri rauque avait tout de même pu franchir le pas de ses lèvres. Il regardait Sloth s'éloigner avec un mélange de soulagement et d'incrédulité. Il était parfaitement conscient qu'il aurait pu laisser sa peau ici ce soir dans cette ruelle et que son ton n'avait eu rien pour l'aider. Chasser la nature et elle revient avec une fourche...

Il secoua la tête pour reprendre ses esprits, la douleur lancinante de sa cheville le ramenant rapidement sur terre. Il devait partir d'ici, juste au cas où le groupe aurait changé d'avis et décidait de revenir le buter dès maintenant... D'une main tremblante il se saisit de sa radio pour régler une nouvelle fréquence. Celle d'Eva, la lui ayant communiqué lors de leur précédent entretient.

« J'ai besoin de ton aide, je suis blessé.» Dit-il tout simplement, avant de lui déblatérer sa position une fois qu'elle eut répondu présente. La nuit serait longue. Encore.