Deux zoomorphes, un seul cobaye. (PV Buzy)

Yuka avait guidé Buzy jusqu'à l'arrière du bâtiment, elle lui désigna une porte qui menait aux sous-sol. Vérifiant que personne n'était dans les alentours puisqu'elle avait promis à Buzy qu'elle passerait incognito,elle sortie sa carte magnétique qu'elle passa dans un lecteur et la porte se déverrouilla. Yuka l'ouvrit dans silence, la porte émettant un grincement un peu lugubre, et fit signe de la main à Buzy de passer devant.

Un escalier de quelques marches en béton suivait l'entrée

J'avais suivit silencieusement, ne voulant pas qu'on me remarque. Une fois aux bâtiments, que j'observai avec un brin de curiosité, pour laisser Yuka ouvrir la porte. Quand elle me fit signe de passer en première, je le fis, toujours en étant sur mes gardes par contre, pour m'attaquer aux escaliers sagement, ne sachant pas si je devais parler. Alors, je chuchotai:

- Personne vouloir chasser Buzy si la voir ici, si?

Je tournai un peu la tête pour la regarder, attendant sa réponse.

Yuka regarda Buzy entâmer les quelques marches et lui fit un sourire se voulant rassurant lorsqu'elle posa la question.

- Non, n'ai crainte. Le pire qui puisse t'arriver est...de recevoir beaucoup trop d'intérêt.

Elle entreprit de descendre elle aussi, fermant la porte derrière elle. Les marches menaient sur un corridor plutôt étroit ui se séparait au bout d'une cinquantaine de mètres. La tuyauterie du plafond était visible, sillonnant les sous-sol. Le corridor était assez bien éclairé et des portes étaient visibles de chaque côté. Yuka prit les devants pour indiquer le chemin à Buzy, enfilant son sarrau et accrochant sa carte magnétique à sa taille en marchant. Après avoir passé quelques portes, elle s'arrêta puis sortit un trousseau de clé pour déverrouiller une porte sur la droite.

- C'est ici qu'on va s'installer. Entre, fait comme chez toi.

Elle attendit que Buzy entre en se disant que cette expression était plutôt mésadaptée à la situation car il devait être difficile de se sentir chez soi en ces lieux. La pièce était rectangulaire sur la longueur. Il y avait un bureau sur le mur à gauche avec une bibliothèque contenant des livres et des revus. Une table d'examen rembourrée était sur le mur de droite et au fond un petit pièce servait à entreposer divers outils, bocaux, éprouvettes... Les murs étaient entièrement blanc, le plancher de céramique blanche également.

- Pourquoi gens seraient trop intéressés à moi?

J'avais posé la question, mais j'avançais quand même. En me retrouvant dans le couloir, j'observai attentivement. Je pourrais facilement m'accrocher au plafond, sans difficulté. En arrivant dans la pièce, je fus traversée d'hésitation. C'était... fermé... J'entrai tout de même, assez nerveuse pour que mes ailes bougent toutes seules.

- ...bon... pas me faire bobo... si pas vouloir qu'on fasse quelque chose, pas le faire... tout bien aller, Buzy...

Je pris une bonne inspiration, jouant avec mes mains. Je ne pourrais pas faire comme chez moi. Ça ne ressemblais pas à ça, chez moi. c'était beaucoup plus accueillant.

Yuka pris la suite de Buzy et referma la porte derrière elle. Elle la verrouilla, prétextant qu'elle ne voulait pas être dérangée. Elle n'avait pas répondu à la question de la zoomorphe, se contentant de sourire. Elle balaya la pièce du regard, comme si elle cherchait quelques chose, puis croisa les bras en écoutant Buzy marmonner. Elle pointa ensuite une petite chaise près du bureau et dit:

- Assied-toi, j'ai quelques questions à te poser avant de commencer.

Elle prit elle-même place sur une chaise devant le bureau et sortit un bloc de feuilles et un crayon.

- Connais-tu ton âge?

La porte se verrouilla derrière moi. Je pus l'entendre. Je vérifiai d'un rapide coup d'oeil sur la dame lézard m'avait suivit. Oui, elle était là. Elle souriait. Pourquoi? Je ne me sentais plus à l'aise. J'étais prise dans une toile d'araignée... Ou je paniquais pour rien? Peut-être! Ou pas?

Me faisant pointer une chaise, j'allai m'y asseoir avec hésitation. Et je ne m'y assis pas comme quelqu'un de normal. Je m'y recroquevillai, ramenant mes jambes contre moi. Mes pattes abdominales saisirent mes jambes, et je passais mes bras autour de mes genoux.

- ...pas savoir... Pourquoi être important? Pourquoi avoir besoin de poser questions? Avoir besoin de savoir...

Je la fixais, probablement sans qu'elle le voit, attendant presqu'une peine de mort. Au nom de la loi, Buzy, on vous déclare coupable d'être une mouche, et on vous sanctionne à l'insecticide!

Yuka fit un sourire à Buzy. La pauvre avait l'air terrorisée... Yuka cherchait quoi dire pour qu'elle se détende un peu. Elle lui avait déjà dit qu'elle ne lui ferait pas mal, quoi d'autre... Elle décida donc de poursuivre simplement avec son petit questionnaire.

- C'est pas grave. Je veux juste pouvoir noter des informations pertinentes pour ton petit dossier. As-tu eu d'autre changement à ta condition récemment, à part tes...bobos au ventre?

Elle la jaugea du regard et nota sur sa feuille une grandeur approximative.

-Tu peux relaxer, je ne te ferai pas de mal. Dis-moi, est-ce qu'il y a un espace entre deux plaques de ta carapace de laquelle je pourrais te prendre un petit échantillon de sang? Juste un tout petit peu, tu ne sentiras même pas la différence.

Ajouta-t'elle en se levant de son bureau pour se diriger vers le fond de la pièce pour prendre le nécessaire servant à faire une prise de sang.

Je la regardai, la fixant toujours, pour essayer de me détendre. Plus vite je répondais, et plus vite je partais de cet endroit bizarre.

- M-me mettre à briller des fois... Briser une papatte pendant le froid... Avoir eu bobos au ventre... Sinon, pas me rappeler. Pas penser à autre chose...

À l'autre question, je passais une main à la base de mon cou. Là, il y avait un espace, qui descendait jusque sur mon plexus. J'étais encore nerveuse, mais moins.

- ...p-pour regarder mini-mouches dans mon sang?

Je la suivis du regard, tournant la tête pour toujours l'avoir en vue. Les gens attaquaient souvent par derrière.

Yuka revint avec le nécessaire et repris place sur sa chaise. Elle enfila une paire de gants de latex et fit une petite pause pour regarder Buzy avec un sourire.

- Oui, pour les petites mouches.

Elle évalua l'espace entre les deux plaques, réfléchissant à où elle devrait piquer. Elle appuya de l'index le long de la fente pour trouver un endroit qui n'était pas recouvert de cartilage, donna quelques pichenettes  prit un petit coton imbibé d'alcool lorsqu'elle eu fait son choix, près du cou. Elle verrait bien ce qu'elle pourrait recueilli

- Ça va piquer un peu. Détends-toi.

Joignant le geste à la parole elle inséra l'aiguille en angle pour recueillir quatre petits flacons. Elle retira ensuite l'aiguille et apposa une ouate sur la piqûre.

-Voilà. Appuie là dessus. Comme je te disais tout à l'heure j'aimerais aussi te faire un scan pour voir comment tu es faite à l'intérieur.

Elle se leva ensuite sans cérémonie pour aller entreposer les éprouvettes dans un petit réfrigérateur à l'arrière, revint vers Buzy en lui demandant si ça allait.

Je la regardai revenir avec ses trucs. Nervosité... Mon petit corps de mouche commençait à trembloter. J'essayai de me calmer, mes ailes, elles, continuant de faire les folles dans mon dos. Elle allait trouver les petites mouches. Me dire si elles allaient bien. C'était positif, non?

Quand ça piqua, je me raidis. Je n'aimais pas les piqûres. Pas du tout. C'était ma première... mais je n'aimais pas ça. Je regardai tout de même les flacons se remplir. Un liquide verdâtre et épais les remplissait, lentement. C'était ça, mon sang? J'aurais plus dit un liquide de plante qu'on aurait écrabouillé. Elle finit par retirer la vilaine aiguille, et je fis comme elle m'indiqua: tenir le petit truc blanc où elle avait piqué.

- Quoi être, scan?

Pendant qu'elle rangeais les tubes, je retirai la ouate, pour passer une griffes à l'endroit que je devais boucher. Un tout petit peu de liquide vert la couvrit, et curieuse comme je l'étais, je la sentis, pour ensuite la goûter. Sucré? J'étais sucrée, moi? Bizarre... Quand Yuka revint, j'avais encore mon doigt dans l'espace ouvert de la carapace sur mon visage, la fixant.

- Bien aller. Pas chouette, piqûre, mais moi bien aller.

Yuka lui adressa un sourire en la voyant goûter son sang ou du moins le liquide qui semblait être son sang.

- Un scan c'est comme une photographie mais de l'intérieur. C'est sans douleur, c'est pour voir à quoi tu ressemble en dedans. Nous allons devoir changer de salle.

Elle se dirigea vers la porte et se retourna en attendant que Buzy se lève pour la suivre. Elle observa un instant l'endroit où elle avait fait sa ponction, près du cou de Buzy. Elle ignorait si ça coagulerait normalement ou pas. Ce serait une note à ajouter à son dossier. Dans tous les cas, la piqûre était bien trop petite pour causer un problème, selon elle.

Restant immobile, on aurait clairement pu me prendre pour une retardée. Je n'avais pas l'air de comprendre... Photographie? de l'intérieur? Les concepts me semblaient trop loufoques. J'allais voir ce que c'était en la suivant... non?

- ...changer de salle... okidoki.

Je me levai, encore et toujours hésitante et incertaine. L'endroit où elle avait piqué ne laissait plus couler du tout du liquide vert. Ça s'était refermé vite. Comme ma papatte, qui n'avait pas saigné quand je me l'étais cassée.

Je la suivis donc, surveillant les alentours, comme si quelqu'un pourrait en bondir et me saisir.

Yuka amena Buzy dans une salle près de celle qu'elles venaient de quitter. Dans celle salle, une immense machine cylindrique dans laquelle une plaque servant de lit était placée dominait la pièce. Cela ressemblait beaucoup aux T.A.C.O qui existaient il y a plusieurs décennies. Yuka désigna la plaque servant le lit et dit à Buzy:

- Allonge-toi là. Comme je t'ai dit, ça ne fera pas mal. En fait, tu ne sentiras rien du tout. La machine va tourner autour de toi pour prendre toutes les images dont on a besoin pour bien comprendre comment tu es à l'intérieur et après ce sera terminé.

Yuka lui fit un sourire amical puis alla s'asseoir derrière un petit bureau, de là où on contrôlait la machine.