La nuit tous les chats sont gris (ouvert)

À quoi ça sert... je respire et on dirait que je te fais honte. Tu me cache comme si j'étais une bête sauvage. «C'est ce que tu es. C'est comme cela que tu agis.». Ainsi donc tu es parfait. C'est vrai. Je m'incline devant ta majesté. «Si je n'étais pas là tu serais mort». Certainement. Et si tu me tue je ne manquerai à personne. Grâce à toi. Grâce à «Dieu». «Tu me manqueras, à moi. Tu es comme un fils.» Fils? Si c'est ta définition de valet, paillasson, moins que rien, ton esclave. «Allons. Ne recommence pas.» Pourquoi, tu vas me frapper? Pour faire changement? «Sort. Sort d'ici.Ou tu ne sortiras plus jamais. Je sors aussi. Je te conseille d'arrêter de me pomper l'air. Ne dit rien. Sort. Maintenant!»...


Il y avait déjà deux bonnes heures que le milicien était assis à une petite table au fond du bar, seul. Il devait être peu avant minuit. Une filée de verres parfaitement alignés sur le côté opposé trahissait le fait qu'il avait pas mal bu, durant tout ce temps. il y avait également un ou deux verres éclatés au sol. Il avait encore son uniforme de milicien. Le qualificatif qui aurait pu le mieux décrire la gueule qu'il tirait aurait été "ravagé".

Il était accoudé, le front dans la paume de la main droite, le regard vitreux et griffonnait des symboles sur un bout de serviette en papier avec une allumette brûlée, ce qui donnait à peu près ça: मैं अपने दास कभी नहीं होगा

L'exploration restait dans ses priorités. Comme tout bon explorateur, et comme toute personne curieuse, le meilleur endroit où aller restait un bar. Il avait beaucoup entendu parler de celui de l'Ermila, qui accueillait des personnes de toutes sortes, sans avoir vraiment eu la chance de s'y attarder. N'ayant rien à faire, il avait décidé d'aller faire un tour d'observation.

Ce sont donc ses pas lourds qui se firent entendre contre le plancher du bar. Sa haute silhouette passa la porte, se penchant pour le faire, et il observa l'intérieur d'un tour d'horizon. À sa ceinture, il portait encore et toujours son imposantes machette de métal noir. Sinon cette arme, on n'en voyait pas d'autres. Il portait son veston noir, avec une chemise bleue dessous. Il alla glisser un mot à la demoiselle derrière le bar, pouvant de ce fait garder son arme, pour rester debout près du comptoir. Il prit la peine de s'attarder sur chaque personne, de son regard invisible. Il ne manqua pas le jeune milicien qui avait visiblement trop bu, ni les symboles qu'il dessinait sur sa serviette en papier. L'androïde, qui semblait pourtant être un homme avec un casque, restait totalement silencieux, se contentant d'observer de loin pour le moment.

Dur à manquer était un faible mot pour décrire le boucan que faisait l'androïde en se déplaçant. Lorsqu'il fit son entrée dans le bar, SS leva la tête pour regarder ce qui se passait. Il n'était plus en service, et même s'il l'avait été il avait trop bu pour intervenir de façon correcte si quelque chose se passait. Cette réflexion lui fit rebaisser la tête. Pas de quoi être fier.

Il observait tout de même le manège de l'étranger, la tête penchée mais les yeux levé vers lui. Il n'avait pas manqué sa machette qui pendait à sa ceinture, que la responsable en place lui avait permit de garder. Il jeta un regard à sa propre arme, il n'avait même pas pensé demander la permission de la garder. Il reporta les yeux sur son écriture, qu'il chiffonna. Il entreprit de se lever de son siège, se disant qu'il avait bien assez bu pour ce soir et qu'il avait du chemin à faire pour se rendre au bercail.

Entreprendre était un juste mot. Pousser le sol avec ses pieds... oh trop fort, la chaise bascule vers l'arrière. S'agrippe à la table, qui branle, fait tomber un verre qui éclate au sol. Lâche un juron dans une langue probablement inconnue de la majorité des gens de la place (du Panjabi), finit par reculer et se lever, la chaise de renverse au sol. Tout le monde le regarde. Fou un coup de pied dans la chaise. S'excuse à la demoiselle, les yeux vitreux.Constate qu'il a renversé de l'alcool sur sa chemise. Un autre juron. Marche sans trop d'équilibre vers la sortie, mais s'arrête devant le comptoir du bar, à côté l'androïde avant tout.

- Désolé... made-moi-selle. Je... je vais vous payer les verres cassé si vouuus voulez. C'était un acc-accident.

Étourdit, il s'accrocha au bar pour arrêter le plancher de danser. Pour stabiliser les murs. Pour... que la pièce arrête de tourner? Jeta un regard vers la porte, évaluant les obstacles qui se dressaient devant son chemin. Il se tourna vers l'androïde et leva la tête pour le regarder de haut en bas. Son regard habituellement froid et perçant avait quelque chose de triste.

- Désolé à vous aussi... que vous assistiez à ça.

Ajouta-t'il à l'attention d'Arès. Il entreprit de se diriger vers la sortie mais s'échoua sur une table au passage, reprenant son souffle.

La machine le regarda faire son petit manège, surtout sa suite innarrêtable de gaffes, pour tourner la tête en le voyant s'approcher. Voyant l'homme perdre l'équilibre, ile le rattrapa d'un mouvement vif, l'empêchant donc de s'échouer sur la table, le soutenant comme s'il était un poids plume.

- D'un conscrit à un autre, avez-vous besoin d'aide par hasar?

Sa voix était totalement humaine, suave, chaude et grave. Sa poigne, elle, avait quelque chose d'irréellement ferme, mais aussi une chaleur toute humaine. N'importe qui pouvait avoir l'air minuscule près de ce mastondonte ténébreux.

demeurant immobile quelques secondes, le temps de reprendre ses esprits, de se resitué par rapport... au sol? SS se retourna vers l'androïde, incertain de ce qui venait de se passer. Il avait vraiment dépassé son quota d'alcool pour la semaine, disons.

- Si j'ai besoin...d'aide. n-non. Je vais me dé-brouiller. C'est ma faute tout ça alors il-il f-faut que j'assume.

Une femme un peu plus loin s'était mise à ricaner devant la scène. Le milicien se retourna, la pointant du doigt, voulant dire quelque chose, et abandonna. Suffisamment dans le pétrin pour aujourd'hui. Il s'appuya sur le bras de l'androïde pour se remettre debout avec un «merci», fouilla une des poches de sa chemise de fonction et en sortit une belle montre à gousset, qu'il fixa quelques secondes, puis eut soudainement l'air paniqué.

- Je dois vr-vraiment y aller... Merci pour le...rattrapé?

Il tendit une main un peu branlante:

- Lieut-...Ex lieutenant-colonel...Sheikh. Est-ce que vous savez cou-courir vite?

L'influence de l'alcool sur les gens resterait un éternel mystère pour l'androïde. Il l'oberva fouiller dans sa poche, puis sortir une montre, mais surtout, paniquer devant l'heure. Comme un enfant qui aurait dépassé son couvre-feu.

- Ce n'était rien, señor. Un rattrapé est plus agréable qu'une face à face avec le sol.

Quand l'homme lui tendit la main, il la serra de sa poigne ferme, n'y appliquant au une force pour ne pas le blesser. Il pencha ensuite la tête de côté à la question, sa curiosité totalement piquée.

- Pour quelqu'un de mon gabaris, j'ai une bonne vitesse de course. Pourquoi cette question, señor?

Cet homme lui sembla particulier, tout d'un coup. Demander, comme ça, s'il courrait vite. Ses analyses lui confirmèrent qu'une attaque ne se produirait pas. Et dans le cas où il se tromperait, ce ne serait pas un organique saoul qui lui poserait problème.

Remettant sa montre dans la poche de manière laborieuse, il afficha un large sourire.

- Parce que je me le demandais. Ça m'aiderait.

Il se tût un instant, se balançant sur ses pieds.

- Sauriez-vous cou-cou...courir avec quelqu'un sur votre épaule, disons jusqu'à l'aca-démie militaire, en haute-ville? Je ferais le reste à... à pied. Les taxis et moi... ça fait mille.

C'était sans doute l'alcool, il ne savait pas lui-même pourquoi il avait formulé une faveur aussi stupide. Quelque part, ça serait drôle, peut-être. De toute manière, il serait en retard, donc la façon dont il se rendrait le plus près de sa résidence importait peu.

La barmaid, qui avait tout entendu, avait pouffé de rire derrière son comptoir. Elle tendit ensuite une bouteille d'eau à SS, qui s'exclama d'un «ah génial!» e et entreprit de vider la bouteille cul-sec.

Les paroles qui s'échappèrent maladroitement de la bouche de l'homme lui semblèrent totalement illogiques. Pourquoi ferait-il une telle chose? Pourquoi demander ce genre de service à quelqu'un? Était-ce de la pure idiotie, ou l'intelligence des organiques était-elle vraiment affectée par la consommation du milicien?

- Je pourrais. Je n'en vois pas l'utilité, mais je pourrais.

Sa soirée d'observation venait de tomber à l'eau. Il laissa le milicien boire, se dirigeant lui vers la sortie, saluant gentiment la demoiselle derrière le comptoir d'un signe de tête. Tout était étrange, ce soir. Illogique surtout.

Une fois sa bouteille d'eau presque fini, le milicien qui voyait Arès se diriger vers la sortie, déposa sa bouteille sur le comptoir du bar et s'exclama:

- Attendez, oubliez ce que je vi-viens de dire. Vous avez raison c'est inutile. Je ne sais pas pourquoi je vous ai demandé ça. Et puis... je ne sais même pas votre nom. Mais je suis persuader de vous avoir déjà croisé.

Il agrémenta ses paroles d'un geste de la main, voulant dire de laisser tomber.
Il fit un clin d'oeil à la barmaid, qui ne semblait pas trop savoir comment réagir et se dirigea lui aussi vers la porte. Ses pas étaient mal assurés, mais il semblait déjà moins titubant qu'il y a quelques minutes.

Il passa la porte du bar et une fois dehors, s'adossa au mur extérieur se laissant glisser jusqu'au sol, pour se retrouver assis les genoux à demi repliés, ayant d'abord vérifier rapidement qu'il n'avait pas de spectateurs dans la rue.

Cet humain ne savait visiblement pas ce qu'il voulait. il sortit tout de même dehors, pour entendre la pote s'ouvrir, puis voir l'homme sortir. Il l'observa alors qu'il glissait le long du mur, les mains croisées dans son dos.

- Vous avez visiblement trop bu, senior. Dure journée?

Il restait debout, bien droit, ne bougeant pas d'un cheveux. D'un mouvement, il replaça son veston, continuant d'observer l'homme d'haut en bas, avec une attention certaine. Il l'examinait de son regard invisible, le déshabillait presque, notant tous ses traits, tous les détails et pouvant même remarquer s'il était armé ou non.

À la question d'Arès, SS haussa les épaules. Dure journée. Dure semaine. Dures années. Dans son observation, l'androïde pouvait noter que le milicien n'était armé que d'une arme à feu accrochée à sa ceinture dans un étui réglementaire. En dehors de cela, son uniforme en dehors de la tâche qu'il s'était fait un peu plus tôt dans le bar, était propre, même un peu trop pour un habitant du district. Il y avait entre autre des marques de repassage bien visible, laissant supposé que c'était un ouvrage quotidien. En dehors de cela, le milicien était pâle malgré le fait que l'alcool donnait chaud, et avait le visage un peu emacié. Des yeux d'un vert-jaune lui donnait un regard perçant et froid et ses traits fins, même un peu androgyne, lui donnait un air sévère.

- Oui, sans doute. J'ai abusé. Je... ne fait ja-jamais ça. Si je rentre à la maison comme ça, s'en est fini pour moi.

Il appuya ses coudes sur ses genoux et laissa choir son visage dans ses mains.

- Désolé... je vous embête probablement. Merci pour le coup de pouce dans le bar.

L'androïde fit son observation en silence, notant tout ce qu'il voyait, mais aussi tout ce qu'il pouvait capter de la personnalité de cet homme.

- Je ne peux être embêté, señor. C'est impossible. Alors je ne suis pas embêté. S'il y a bien quelqie chose que je sais, c'est que se ridiculiser à cause d'une chute est aussi pire que de pendre sa propre intégrité.

Semblant agacé de devoir exagérément baisser la tête pour regarder le milicien, l'androïde décida de tout bonnement s'installer près de ce dernier, à une distance respectable. Il replaça sa lame, sur sa hanche gauche, pour ne pas la briser, la mettant plutôt sur ses jambes croisées. Quand il s'était assis, des bruits de piston et de cervomoteurs s'étaient fait entendre.

- Sans doute...

SS avait levé la tête pour regarder l'androïde s'installer, dans un bruit mécanique. Il n'était pas trop sûr jusqu'aux dernières secondes s'il s'agissait réellement d'un être artificiel ou non. Il en avait maintenant une sorte de confirmation. Il le détailla un moment, puis se mit à rire tout seul, tout bas.

- Je me trouve tellement pathétique que j'en ris. Je me suis toujours demandé pourquoi les gens se réfugiaient dans l'alcool pour noyer leur douleur, ou quelque chose comme ça, et je dois admettre que je ne comprends toujours pas.

Il rit un peu plus franchement, secouant la tête de gauche à droite.

- C'est pire quand on est saoul!

Il mit quelques secondes à se reprendre.

- Ma mémoire fait défaut ou je vous ai déjà vu à la caserne Sanctum?

Le géant de métal l'observait de sa visière sans expression. Il écoutait religieusement ses paroles, comme il le faisait pour tout le monde, dans les faits. Seulement après que le milicien aie fini de s'exprimer, il se permit de parler.

- Chez certaine personne, la consommation d'alcool emmène une certaine euphorie, de ce que j'en ai comprit. Pour d'autre, elle fait oublier. Ce que je sais sur le sujet est assez limité.

Il fit une pause, commecun humain l'aurait fait, pour hausser les épaules d'une manière nonchalante.

- Je suis à la Caserne de temps à autres, quand ils demandent mon aide. Je suis aussi un conscrit Star Dust. Je suis beaucoup de choses et un peu partout, dans les faits. Votre mémoire ne vous a pas trompé, señor.

L'androïde prit tranquillement sa lame, puis fit sortir une pierre à aiguiser de son avant-bras gauche, pour se mettre à affûter son énorme machette noire, d'une manière toute naturelle, sans y faire un seul accros.

Affichant un léger sourire en coin, il regardait l'androïde affûter sa machette.

- C'est déjà ça, il me reste ma mémoire, hem.

Il se râcla un peu la gorge, regardant un peu autour de lui.

- Donc vous êtes plutôt polyvalent, c'est bien...Ça vous dirait d'arrêter ça?!

Dit-il en désignant l'arme du menton. Ce qu'Arès faisait avait quelque chose d'intimidant, avouons-le. Descendre quelqu'un d'une balle entre les yeux était plutôt violent, mais à coup de machette, c'était barbare... SS frissonna juste d'y penser.

Il entreprit de se relever, s'appuyant contre le mur et une main au sol, mais abandonna au bout de quelques secondes. Ce ne serait pas pour tout de suite.

L'androïde ne dit rien quand le milicien parla de sa mémoire, puis le regarda simplement quand il lui "demanda" d'arrêter son aiguisage. Il tourna la tête vers l'organique, haussa les épaules et serra de nouveau sa pierre à aiguiser dans son bras.

- Mis disculpas, señor. No fue mi intención asustarte. Désolé.

Il déposa de nouveau sa lame sur ses jambes, puis se pencha un peu plus vers l'avant, pour l'observer un peu.

- Polyvalent est peu dire. Mais bon, ne nous attardons pas sur mon cas. Auriez-vous besoin d'aide, par hasard? Vous ne semblez pas très solide sur vos jambes.

Il pencha la tête de côté, remarquant bien le malaise qu'avait causé un entretient de routine.

À la réponse en espagnol de l'androïde, le milicien l'observa déposer sa machette avec un soulagement apparent. Il déposa la tête contre le mur et ferma les yeux. Il écouta la suite des paroles d'Arès, les yeux toujours clos.

- Je ne parles pas l'espagnol... mais vos excuses sont acceptées. Et puis il faut simplement que je dégrise un peu... De toute manière si je rentre chez moi comme ça, demain matin à la première heure mes valises seront sur le pas de la porte avec un gentil petit mot pour me dire à quel point je suis un trou du cul.

Il rouvrit les yeux et lui fit un petit sourire. Il était conscient que l'alcool le rendait plus volubile qu'à l'habituel mais il n'en avait rien à faire. Il reposa son regard sur la machette et leva un index un peu branlant, pointant l'arme.

- Vous vous servez souvent de ça?

La machine l'écouta avec attention, sans laisser voir la moindre réaction. Ça semblait tout de même être une réaction disproportionnée dans la situation. Il l'observa également le sourire, puis baissa les yeux sur sa lame en entendant la question. Il alla la caresser du pouce, considérant cette arme comme un outil tellement important qu'elle en était presqu'une partie de lui-même.

- Moins souvent que vous devez le croire, mais beaucoup plus souvent que jamais. Elle punit les coupables. Y a-t-il beaucoup de criminels, de personnes qui sont coupables? Vous avez votre réponse. Dans ce District, elle ne sert presque pas. Dans d'autres, elle a rendu quelques endroits plus rouges qu'à l'habitude. Pourquoi cette question?

Un ton calme en parlant de meurtres. C'était une drôle de façon de l'emmener. Ne pouvant ressentir d'émotions, il n'avait pas vu l'utilité de mettre des émotions dans sa voix.

Le regard fixé sur l'arme, il demeura silencieux quelques instants après que l'androïde ai fini de parler, comme s'il réfléchissait. Il d détourna ensuite les yeux, regardant devant lui, dans le vide.

-On a tous notre définition de «coupable» et de «criminel». Si vous faîtes appliquer la loi qui est en place dans le District où vous vous trouvez, et non un un jugement basé sur un tas de croyances... pour rien. Par curiosité. C'est... pas mon truc. Mais je sais que ce genre d'arme est courante en Amérique du Sud.

Il fit une pause, semblait avoir chaud. Il ravala difficilement.

- Je ne crois pas me tromper en disant que vous n'avez probablement aucune idée de ce que c'est que de se faire découper vivant. Je... pense que je vais...être malade... 'solé.

Il se leva difficilement, un peu pâle, la respiration sifflante.

L'androïde l'imita, fixant droit devant lui également.

- Je ne me fie à aucune croyance. Les dieux, les stéréotypes, sont des informations biaisées, indignes d'intérêt. Je me fie au code de lois, mais aussi à la situation présente. Une agression sexuelle sera toujours mal. Un vol peut avoir quelques nuances qui doivent être considérées.

L'androïde ramena son attention sur le milicien, voyant qu'il allait de moins en moins bien. Il le laissa se lever, ne voyant pas l'utilité de le retenir, pour en faire de même. Il épousseta ses pantalons, puis regarda de nouveau Sheikh.

- Je sais les expressions qui passent sur le visage des gens. Pas les sensations qui les traversent. Si vous voulez vous reposer sans retourner chez vous, je connais quelques endroit où vous pourriez être tranquille.

Il remit sa lame à sa ceinture, pour croiser les bras, observant l'organique du haut de son six pieds et huit.

Le milicien ferma les yeux et lorsqu'Arès eu finit de parler, il leva un main voulant dire quelque chose comme « n'ajoute rien». Il s'éloigna un peu de l'androïde, en s'appuyant sur le mur, toussa un peu, tourna dans une petite ruelle et renvoya une partie de ses consommations. Il revint au bout d'une minute, se tenant contre le mur, se laissant choir au bout de quelques pas, en tremblant.

-Fiou... on ne parle plus... de découpage de gens.

Il se releva lentement.

- Ça serait sympa, un endroit tranquille, au moins le temps que je me refasse une gueule potable... je ne tiens pas non plus à croiser trop de gens du district dans...cet état.

Il regarda un peu autour et ajouta:

- Mais je doute d'arriver à marcher bien longtemps, du moins seul.

L'androïde le laissa aller régurgiter, notant intérieurement l'apparente faiblesse de l'homme. Juste dans le cas où ils seraient ennemis un jour, il prendrait ce détail en note. Quand SS revint, la machine n'avait pas bougé, se contentant de le regarder retrouver le sol.

- J'oubliais que les organiques avaient l'estomac sensible. Pardonnez mon erreur, señor.

Quand il se remit sur pied, la machine lui tendit la main pour l'aider, puis sembla analyser la situation. Le militaire n'était pas réellement en mesure de marcher. Lui, il avait un hideout dans le souk, pas très loin. Peut-être qu'en lui rendant service, le milicien lui devrait-il quelque chose ensuite?

- Si vous venez qu'à ne plus être capable de marcher, dites-le moi et je vous aiderez.

Jetant un dernier regard à SS, il se mit en marche, tranquillement, s'assurant que son interlocuteur suivait.

Le milicien hochait la tête.

- C'est rien... J'ai juste trop bu.

Les histoires de découpage et lui ne faisait pas bon ménage. Il passa la main sur son omoplate droite, fixant le sol. Il entreprit ensuite de se mettre à marcher derrière l'androïde. Sa démarche n'était pas très solide, mais il y arrivait.

- Par curiosité, où allons-nous?

SS était un peu essoufflé mais sinon, ça allait. Il s'arrêta de marcher un instant, regardant sa chemise sale. Il se mit a essayer de l'enlever, puis renonça. Il se contenta de relever les manches.

La machine faisait des efforts pour ne pas aller trop vite, habituée à des enjambées de géant et non à être ralentie par quelqu'un qui avait trop bu. il n'avait pas vraiment remarquer quand SS avait touché son omoplate, probablement en se rappelant quelqje chose de désagréable, se contentant d'avancer. Comme plus tôt, ses pas faisaient un bruit infernal et annonçaient amplement son arrivée. Quelques rares passant, reconnaissant la machine, s'écartaient du chemin, ne voulant pas rester là. L'androïde n'en faisait rien, ne trouvant pas l'utilité d'agir.

- J'ai un endroit, que je change régulièrement. C'est assez tranquille, avec un lit, une salle de bain et une table. Je m'en sers surtout pour la table, alors vous n'aurez pas à vous inquiéter de la propreté. De toute façon, en plus de ne pas dormir, le lit est trop fragile pour moi.

Il jeta un oeil au milicien par-dessus son épaule, semblant encore l'examiner.

- Depuis combien de temps êtes-vous dans ce District? Je suppose que c'est moins de quatre ans, sinon votre service obligatoire serait terminé.

Un bruit de verre se fit entendre et la machine baissa la tête, se rendant compte qu'elle avait carrément broyé une bouteille vide sous son pied. Sinon quelques petits morceaux de verre, on aurait plutôt dit de la poudre crystaline. Haussant les épaules, il se remit en marche tranquillement, ne semblant pas pressé.

Le milicien suivait Arès du mieux qu'il pouvait, étant bien conscient qu'il le ralentissait. Il ne portait pas attention aux quelques passants, se concentrant pour marcher le mieux possible.

- C'est gentil de m'y conduire.

Dit-il, essoufflé. SS fixa un instant l'androïde lorsque ce dernier lui demanda depuis combien de temps il était dans le district. Il semblait réfléchir.

- Je suis ici depuis moins de 4 ans, en effet, 3 ans pour être juste... mais je ne suis plus sous le régime obligatoire. J'étais déjà militaire avant et une fois arrivé ici je n'ai fait que 2 ans. Disons que j'ai eu des références et que j'ai été exempté. Je fais ce boulot de plein gré.

Il continuait de marcher en regardant le sol. Lorsque le bruit de verre cassé se fit entendre, il releva la tête pour constater la poudre au sol. Il est vrai qu'au bruit qu'Arès faisait en se déplaçant, il ne devait pas être tout à faire léger non plus. Il ricana un peu. Un sifflement se fit entendre et SS releva la tête, pour ensuite envoyer la main à un homme en uniforme qui faisait de même, un peu plus loin.

- Je suis repéré. Et vous, vous êtes ici depuis longtemps?