Des comptes à régler... PV(Arès)

Arès, être de métal dépourvu d'émotions, outil dont l'utilité restait encore à déterminer. Michael nourrissait à son égard une saine méfiance et il était maintenant temps de mettre certaines choses à jour.

Il avait fait suivre l’androïde à sa sortie de l'académie militaire par le jeune Bran dont les habiletés sur le terrain n'étaient plus à déterminer. Ce dernier n'avait pas particulièrement tenté de se faire discret, il l'avait simplement suivi jusqu'au moment ou il tournait le coin d'une ruelle déserte puis l'avait laissé.

Informé de la position du robot, Michael s'était ensuite rapidement présenté vers l'endroit ou se dirigeait Arès et l'avait attendu patiemment. Il était maintenant en plein centre de la ruelle dans laquelle l’androïde ne tarderait pas à s'engouffrer. Le Recteur portait son arsenal complet et son aura était intimidante.

Comme toute machine, il suivait sa routine habituelle: après sa journée à l'académie, qui s'était montré assez productive, il reprenait le même chemin pour partir. les même ruelles, assez larges pour voir les gens arriver, qui lui permettaient de circuler à sa guise.

Ses mouvements étaient moins secs, moins saccadés. Il avait retrouvé la noblesse de sa posture habituelle, celle qui lui était caractéristique. Il portait son veston blanc, mais avec la cravate et la chemise rouge dessous cette fois, le tout accompagné de sa lame, à sa ceinture, mais aussi de son fusil d'assaut, signe que l'androïde restait sur ses gardes.

Il tourna finalement le coin, se retrouvant sur la rue dans laquelle l'attendait le recteur. Le remarquant, il eut quelques doutes sur les raisons de sa présence là. simple coïncidence, ou peut-être rencontre planifiée, les prochains instants allaient le lui révéler. Démarche à suivre: rester courtois, comme toujours, et ne pas faire de provocation. Il savait quelle l'opinion l'homme à l'air sévère, voir mauvais, avait de lui, et il ne voulait en aucun cas lui donner raison. De toute façon, depuis quand une simple machine pouvait avoir de la rancœur?

Arrivant un peu avant Michael, il s'arrêta, pour effectuer une élégante révérence, se redressant, pour ensuite croiser ses mains dans son dos, calmement.

- Buenos días, padre. Je ne m'attendais pas à vous croiser en cette belle journée. Comment allez-vous?

Son ton était aimable, encore et toujours trop humain. Sa visière était fixe, examinant avec attention le langage physique de l'homme de foi.

Un mince sourire se dessinait sur les lèvres de Michael, amusé de la révérence de l'être de métal au corps étonnamment flexible. C'était presque le scénario idéal pour un duel digne des vieux holofilms, ruelle vide, deux individus armé et la tension qui montait déjà. Il ne manquait plus qu'à son tours, Michael s'incline, indiquant, du même coup, que le duel était commencé.

Toutes ces pensées l'amusait beaucoup, entre autre à savoir qui des deux aurait été perçu comme le vilain mais un combat n'était pas la raison de leur rencontre, du moins, pas maintenant.

-Bonjours Arès, je vois que tu te trouve en bien meilleur état que lors de nos précédentes rencontres, j'en suis soulagé. Vois-tu, notre rencontre n'est pas un hasard, je l'ai orchestré moi-même pars-que nous avons matière à discussion toi et moi...

Michael avait relâché quelque peu sa position, il se tenait maintenant droit, les bras croisés dans le dos.

-Mais ne perdons pas notre temps plus avant, je suis certain que tu connais la raison de ma venue, n'est-ce pas, Arès?

L'androïde écouta tranquillement le recteur, restant silencieux, notant intérieurement de changer son chemin habituel. Savoir qu'il avait orchestré lui-même cette rencontre ne lui disait rien qui vaille, mais bon, la courtoisie était ce qu'elle était, et il n'en dit donc rien, gardant ces inquiétude profondément cachées dans sa matrice.

La raison de cet entretient, lui, restait complètement inconnue à l'androïde, qui pencha la tête de côté. Déjà, il lui manquait des bouts de la mission avec la Gargoyle Unit... Il haussa donc les épaules, dans un mouvement toujours trop humain, restant immobile.

- Le seule raison qui me vienne à l'esprit est le mariage, sinon, je n'en ai aucune idée, padre. Je ne puis m'imaginer des scénarios, n'étant qu'une machine. Alors, comment puis-je vous aider?

Il vérifia que sa lame était toujours bien accrochée à sa ceinture, faisant mine de regarder ses pieds, pour ramener son attention sur l'humain. Son petit sourire lui était étranger, par sa provenance, ce qui le rendait un peu "méfiant".

Michael resta silencieux une seconde à se demander si l’androïde se moquait de lui ce qui lui semblait peu probable, la situation devenait un peu étrange.

-Non je ne suis pas venu te parler du mariage, je suis venu par ce que tu a essayé de violer Eva et t'avertir de te tenir loin d'elle à l'avenir, tout ce que tu lui apporte c'est du mal et je n'accepterai pas que tu la mette en danger par le fait de ta simple présence près d'elle.

Pour l'instant, Michael semblait calme, pourtant son corps s'était raidit et sa voix se montrait de plus en plus forte, intimidante même. Il était facile de sentir que la conversation commençait à l'irriter.

L'androïde resta de glace. Rien ne servait de se montrer hostile même si le recteur essayait inutilement de l'intimider. Une machine ne pouvait avoir peur.

- Dites-moi, padre. Vous qui ne me voyez que comme un vulgaire objet... Qui allez-vous punir pour un crime: la personne qui a tiré ou l'arme elle-même? Ce que j'ai fait était un accident. Je n'ai pas non plus fini cette aberration qui m'a traversée. Pourquoi serais-je responsable de quelque chose sur laquelle je n'avait pas de contrôle?

Il s'approcha d'un pas, gardant ses mains dans son dos, sans montrer un quelconque signe d'agressivité.

- Savez-vous ce que ça fait, que de bouger sans le vouloir? De maudire sa volonté, parce qu'elle est inutile? Savez-vous à quel point, même en étant une machine, j'ai pu ressentir l'impuissance, pendant qu'ils me modifiaient et qu'ils me jouaient dans le crâne, dans la conscience? J'ai vu le problème, je me suis moi-même tenu loin en voyant le danger potentiel que je représentais. C'est Eva elle-même qui est revenue vers moi, qui m'a trouvé de l'aide. Grâce à elle, on a refait ma programmation et je ne suis plus un danger. Je comprends beaucoup de chose.

Il baissa la tête, pour hausser les épaules dans un mouvement totalement humain, puis reculer d'un pas, les mains toujours dans le dos.

- Eva est une personne vivante. Elle a le droit de décider. Elle est réfléchie. Si j'étais réellement dangereux, elle m'aurait repoussé. Elle ne serait pas venu vers moi pour m'aider, contrairement à certain qui se contentent de me juger. Considérez mes paroles, padre. Parce que si vous l'aimez vraiment, vous allez comprendre que vous devez respecter ses choix. Vous ne m'aimez pas? Et alors? Faites-moi surveiller. Gardez votre paranoïa sur l'arme que vous ne contrôlez pas. Mais ne lui refusez pas ce qu'elle mérite: son libre arbitre.

Il fixa encore le recteur quelques secondes, puis tourna les talons. Visiblement, il n'avait plus rien à dire et il voulait laisser l'humain réfléchir à ses paroles.

Michael serra les dents et les poing, ce robot se moquait de lui et lui tournait le dos mais il se calma, si il voulait jouer au jeu des mot il pouvait le suivre.

-Je crois que vous avez déjà compris par ma présence que je vous faisait déjà surveiller Arès... Je sait dans quel genre de danger vous baignez et vous avez la malheureuse manie d’entraîner ma femme avec vous dans tout les pétrins dans lesquels vous vous fourrez. Alors je retourne votre attaque, si vraiment vous savez ce que le sens d’amitié veut dire, tenez vous loin d'elle par ce que tout ce que vous lui avez apporté dans les derniers mois c'est du danger et ce n'est pas une matrice réparé qui lui garantira de ne pas courir de risque près de vous.

Le Recteur marqua une pause avant de continuer.

-Commencez par régler vos problèmes et une fois que vous serez certain que vous vous soyez débarrassé de vos ennemis alors vous ferez ce que bon vous semblera mais notez bien ceci, je n'accepterai pas qu'Eva soit blessé par votre faute de près ou de loin.

Le ton du Recteur était autoritaire et il était claire qu'il ne blaguait pas et qu'il n'hésiterait pas une seconde à démonter pièce par pièce l’androïde si sa négligence dépassait la limite qu'il venait clairement d'établir.

Le géant de métal s'arrêta, pour se tourner de côté, sans toutefois faire face à Michael. Le pauvre semblait croire qu'il s'accrochait à Eva comme à la vie. Il semblait aussi croire qu'il avait fait exprès pour se mettre dans de telles situations.

- Mon pauvre Recteur... Savez-vous au moins que je l'implore de m'éviter? Si vous me faites d'ores et déjà surveiller, vous devriez le savoir, n'est-ce pas? Je l'ai ai dit, mainte et mainte fois, de ne plus venir me voir. De ne plus m'aider. Et la dernière chose que je sais, c'est qu'elle utilise une équipe secrète rédemptoriste pour venir nous secourir. Je lui ai laissé son choix. Et moi, contrairement à d'autres, je ne la manipule pas pour qu'elle m'écoute. Je suis franc. Je lui dis toute la vérité. Ne semblez pas étonné, alors, si elle ne sourcille pas, quand vous allez lui dire quelques atrocités sur moi.

Il fit également une pause, restant immobile. Cette situation était purement et simplement ridicule.

- Si un jour vous vous faites kidnapper, Recteur, et que les gens qui vous ont kidnappé vous poursuivent, rappelez-moi de vous ramener à eux. Parce que vous semblez croire que c'est ce que je mérite. Et faites-moi plaisir: cessez de me considérer comme un simple objet. Ce n'est pas le cas. Ça ne le sera jamais. Ou mieux. Considérez-moi comme un instrument si vous le voulez. Par contre, je ne serai jamais votre instrument. Servir quelqu'un avec autant peu de jugement serait une insulte pour mon codage. Vos enfantillages d'organiques m'ennuient. Je vais donc prendre congé de vous, et faire ce que je fais le mieux: servir le peuple, et démanteler le pire réseau de trafic humain de se district. Sans vous.

Il fit une autre révérence, plus courte celle-là, pour se remettre simplement en chemin.