Quand la vie t'offre des grenades... [PV Rick]

La nuit tombait sur une nouvelle journée très prolifique au "Bazar de Nì". Le vieux bâtiment de brique venait tout juste de perdre la teinte enflammée que le soleil couchant lui avait momentanément accordé quand la porte principale du magasin s'ouvrit. La petite clochette sonna l'arrivée d'un nouveau client... que Lökir espérait être le dernier avant la fermeture.

Il avait beau vendre des informations en premier lieu, force était de constater qu'il était meilleur vendeur qu'il ne l'avait soupçonné. Son commerce de façade connaissait un succès croissant auprès de tout le monde, permettant à ses clients de se mélanger à la foule hétéroclite sans trop attirer l'attention. Le zoomorphe avait dût engager quelqu'un la semaine dernière, histoire de pouvoir répondre à la demande croissante de ses services. Le jeune homme à la peau foncée terminait d'empiler des boites un peu plus loin... Si les choses continuaient ainsi, Lökir aurait à sa disposition une source de revenus stables pour lui permettre d'accroitre son commerce souterrain.

Le son des lourdes bottes martelant le vieux plancher de bois le ramena au moment présent. Le zoomorphe se contenta de pointer les étalages autours de lui sans lever le nez du livre de compte qu'il était en train de compléter.

"Sentez-vous libre de faire le tour, mais rapidement : On ferme dans quelques minutes..."

Il termina sa colonne de chiffre, additionna les ventes de la journée et referma finalement le livre avec un grand soupir. Ces journées passées derrière un comptoir étaient vraiment épuisantes... En son fort intérieur il espérait pouvoir bientôt quitter ce rôle ridicule d'Hernest pour pouvoir se concentrer ailleurs. Lentement il leva les yeux sur le visiteur... Qui pouvait bien avoir besoin d'un babiole à une heure pareille?

Le roux s'était acharné, les derniers jours, à compléter son échantillonage. Les journées avaient été longues, mais avec sa petite et un peu de café, ça s'était bien passé. Il s'était un peu brûlé sur la main droite, mais rien de bien grave.

Comme il l'avait fait la fois d'avant, il arriva vers la fermeture au petit commerce, décidant d'y entrer cette fois. Il entra donc, ses bottes militaires faisant beaucoup trop de bruit, pour fouiller la place du regard. Il portait un gros sac à dos, et toujours son attirail qui le recouvrait complètement. Entendant les paroles de l'homme, probablement le même qu'il avait croisé la dernière fois, il s'approcha un peu du comptoir, avec une meilleure assurance qu'à leur dernière rencontre.

- Prenez votre temps. J'voudrais pas vous mélanger dans vos calculs.

Il s'attarda sur l'apparence du tenancier, puis sur les babioles de la boutique, pas pressé le moins du monde.

Le zoomorphe leva le regard juste avant que la voix de Rick ne trahisse son identité. Il figea un petit moment, un peu surpris de la visite du vétéran. Il était habillé exactement comme la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés: des pantalons un peu vieillots mais propres, une chemise sombre et une veste. Il paraissait presqu'entièrement neutre... mais peut-être n'était-ce qu'à cause de ses grands yeux noirs, si difficiles à lire. Il remit son livre à sa place, derrière le comptoir, avant de croiser ses mains devant lui.

"Ne vous en faites pas: il en faudrait beaucoup plus pour me déconcentrer..."

Le bazar portait bien son nom... des étagères, des tables et des présentoirs remplis d'objets divers occupaient le moindre espace disponible. De la vaisselle, des babioles et des vêtements certes... mais également des objets pour précieux et hétéroclites: une vitrine remplie de bijoux, un grillage derrière lequel reposaient quelques armes, des meubles semblant dater d'une autre époque...

D'un petit sifflement, Lökir attira le regard de son employé. Il ne fallut au jeune homme qu'un bref regard pour comprendre la volonté de son employeur, et un battement de cœur plus tard il avait quitté la pièce. Le zoomorphe revint à son nouvel associé.

"Bien le bonjour, monsieur Roosvelt. J'en déduis que vous êtes ici en rapport avec le contrat sur lequel notre... partenaire mutuel et vous êtes arrivé à un accord?"

La réponse était évidente... Elle relevait plus de la politesse que d'une interrogation. Rick put même facilement voir que le zoomorphe semblait avoir libéré en entier le comptoir du bazar pour lui laisser déballer sa marchandise. Rapidement, le zoomorphe quitta son comptoir pour verrouiller la porte et inverser l'écriteau décorant la porte avant de revenir prendre sa place.

"Je vous en pris... faites comme chez vous."

Le roux continua de regarder les présentoires, repérant une poupée, qu'il garda en mémoire. Il s'approcha ensuite du comptoir, regardant la personne qui s'y tenait.

- Ça, et probablement la poupée que vous avez, là-bas.

Il attendit patiemment que tout soit en place, puis s'approcha un peu plus, pour déposer son sac avec précaution. Il l'ouvrir, pour commencer à en sortir différents objets, enroulés dans des tissus, probablement les grenades, au nombre de 4.

- Prenez-en une et j'vais vous dire ce qu'elle fait. Ou... Vous pouvez deviner aussi.

Le roux semblait extrêmement sérieux, voir épuisé.

Le zoomorphe laissa l'homme déballer son arsenal, et sortis de nouveau de derrière son comptoir pour revenir quelques instants après. Il déposa deux nouveaux objets sur le comptoir, juste à côté de ceux que venait de placer Rick: la grenade qu'il avait fabriqué sous ses yeux quelques jours auparavant et la poupée qu'il lui avait désigné. Au centre de cet attirail d'explosifs le jouet semblait un peu hors de son univers, ajoutant une touche presque humoristique au tableau. Le zoomorphe offrit un petit sourire au grand brulé avant de déballer soigneusement et délicatement les quatre grenades. Il prit la première entre ses mains, énorme en comparaison des autre. Il observa un instant les rayures noires la décorant avant de la redéposer. Le poids de la grenade était considérable. Le sourire du zoomorphe s'agrandit.

"Alors devinons... Vu le poids et la taille je devine une charge explosive assez forte, ou des charges... probablement aussi beaucoup de shrapnels..."

Il s'arrêta là, d'abord parce qu'il n'était pas en mesure de développer d'avantage et ensuite pour se laisser un peu de marge de manœuvre. Il s'agissait d'un petit jeux pour Lökir, qui lui permettait de mettre à l'épreuve son sens de l'observation. Il était malheureusement visible pour lui qu'il prenait un peu de plaisir à la situation... un peu comme un enfant en train de déballer un cadeau.

L'artificier regarda son interlocuteur partir et revenir, semblant toujours aussi fatigué. La vue de la poupée, au travers de toutes ses armes mortelles, lui fit échapper un petit gloussement, qui s'envola rapidement.

Il écouta la supposition de son interlocuteur avec attention, croisant les bras.

- C'est le genre de truc qui explose 5 fois. Je l'appel "le chat sauvage"... Je l'ai fait pour une amie. Elle explose une première fois, en lâchant une grosse quantité de shrapnels. Elle relâche aussi quatre autres sous-charges, qui explosent indépendament de la première. Toutes avec leur dose de shrapnels et ce qui va avec... C'est moi ou vous aimez bien deviner ce qu'elles font?

Il pencha la tête de côté, observant son interlocuteur, retenant un bâillement.

Le zoomorphe haussa les épaules. Il avait soigneusement écouté tout ce que l'ex Dead Apo avait dit à propos de la grenade. D'autres auraient peut-être sortis un calepin ou de quoi noter, mais Lökir pouvait se vanter de posséder une mémoire parfaite. Il ne regarda qu'un bref instant son interlocuteur avant de prendre dans ses mains la deuxième grenade.

"Curiosité professionnelle... Disons que ça me permet de vérifier que je n'ai pas perdu la main. Je n'y connais absolument rien en explosifs mais j'ai toujours trouvé fascinant le fait qu'un objet gros comme une pomme puisse causer autant de destruction. C'est un peu la quintessence d'une arme à feu. "

Avant de devenir trop philosophique et d'ennuyer son interlocuteur, la salamandre examina soigneusement la grenade qu'il tenait. Plus petite, de nombreux trous perforaient sa surface... Comme si quelque chose devait s'échapper de la grenade. Elle était sensiblement plus légère que les autres.

"Une grenade fumigène? Ou du moins libérant un gaz quelconque..."

Après avoir tenu précédemment une grenade dotée de cinq charge explosives, il doutait d'avoir entre les mains une grenade créant simplement un écran de fumé...

Le roux l'écouta, semblant totalement neutre, même fade contrairement à leur rencontre d'avant, ne montrant que très peu d'émotion. Il rigola un peu, regardant la grenade qu'il tenait.

- Fumigène, oui... Sauf qu'elle distribue du gaz soporifique assez fort pour vous faire avoir des problèmes de mémoire. Mais bon, comme vous pouvez le voir, elle peut être activée et désactivée, avec le mécanisme d'activation, et reremplie avec autre chose... Donc, une grenade avec plusieurs usages.

Il toussa un peu, l'air de plus en plus las, comme si ses propres explosifs ne l'intéressaient pas.

Le zoomorphe hocha lentement la tête avant de redéposer la grenade. Il tendit sa main vers la prochaine, l'élevant à la hauteur des yeux pour bien observer de quoi il s'agissait. En même temps... il en profita pour jeter un regard à son interlocuteur. Il semblait si fatigué... Peut-être que cette rencontre n'était pas une bonne idée si l'artificier n'était pas dans son état normal. Cela risquait de compromettre son entente... Sans rien laisser paraître de son inquiétude, Lökir continua d'observer la grenade à la texture si particulière, presque caoutchouteuse. Plusieurs injecteurs étaient présents, mais leur utilité restait assez mystérieuse au yeux du zoomorphe.

"Hum... difficile de déterminer les effets de celle-ci. Du C4? Ou peut-être une grenade adhérente?"

Il redéposa soigneusement l'explosif sur le comptoir avant de lorgner un moment du côté de la poupée. Il poussa un bref soupir et se pencha sans avertissement sous le comptoir. Il disparut un instant avant de remonter, une bouteille remplie d'un liquide ambré et deux verres à la main.

"Vous avez l'air d'un revenant... Peut-être devriez-vous prendre un peu de repos avant toute chose?"

Laissant pendant un bref instant sa propre fatigue remonter à la surface, Lökir parut tout d'un coup un peu plus humain. Avec des gestes précis et rapide, démontrant une grande habitude du petit rituel, il versa un peu du liquide dans le premier verre avant de le tendre au jeune homme.

"Pour remonter la pente... ou la descendre définitivement."

Il se versa ensuite lui aussi un verre et y trempa ses lèvres avant de revenir à son interlocuteur. Il s'agissait d'un excellent bourbon, bien qu'il soit peu probable qu'il date d'avant-guerre.

Le roux l'observa manipuler la prochaine grenade, écoutant ses suppositions avec attention.

- Rien de ça. C'est une grenade rebondissante, qui est aussi une grenade incendiaire. On l'active, et on la lance comme une balle rebondissante. Tout ce qui est autour va s'enflammer, ennemis y comprit.

Il haussa un sourcil en voyant son interlocuteur aller sous le comptoir, ne comprenant pas trop ce qu'il faisait. En l'entendant, il haussa les épaules.

- Problèmes de sommeil, c'est tout. Ce n'est rien qui pourrait me nuire en ce moment.

Il observa ce qu'Hernest lui tendait, semblant hésitant à prendre le verre. Il le fit tout de même, par pure politesse, pour le porter à son nez pour le sentir. Un frisson le traversa, mais il ne fit pas de commentaires. Il regarda le dernier tissu, en dessous duquel se trouvait la dernière grenade.

- On regarde la dernière et on se détend après? Sinon, je risque de devenir beaucoup trop srupide pour que vous m'enduriez.

Le zoomorphe acquiesça lentement, déposant le verre juste en face du jeune homme. Il n'avait pas à se sentir coupable si la boisson n'était pas à son goût. Mais il ne voulait pas interpréter de travers un pur réflexe. Toujours avec précaution, il déballa la dernière grenade pour l'élever à la hauteur de ses yeux. Une grenade renforcée en métal... semblable sur bien des aspects à celle qu'il lui avait présenté lors de leur première rencontre.

"Une I.E.M ?"

C'était a peu près tout ce qui manquait à la collection: une grenade à fragmentation multiple, une grenade fumigène, une grenade incendiaire... l'arsenal que lui proposait Rick n'était pas banal et avait le mérite de se montrer à la hauteur de ses attentes. Il redéposa la grenade sur le tissus et prit une nouvelle gorgée de son bourbon. Il prit un nouveau moment pour observer Rick. Il ne put réprimer un petit sourire.

"Vous m'avez l'air bien occupé pour quelqu'un qui se cherche un travail..."

Le jeune homme regarda Hernest éloigner le verre, pour regarder la petite grenade. Il écouta la supposition de son interlocuteur, fixant la grenade, pour faire un simple "non" de la tête.

- Grenade au plasma avec revêtement électrique. Ça garde le plasma actif plus longtemps, donc, donne beaucoup plus de dommages. C'est aussi un peu plus désagréable à recevoir, à cause du courant.

Il tourna la tête, fixant Hernest, pour sembler amusé par sa dernière remarque. Il décroisa les bras et prit le verre du bout des doigts, regardant de nouveau la couleur du liquide.

- J'suis pas occupé... Insomniaque, oui, mais occupé... Pas vraiment. J'ai d'autres trucs qui m'empêchent de dormir, aussi, mais c'est pas important, là.

Il baissa un peu son masque, assez pour pouvoir "boire" et versa un peu de l'alcool dans sa bouche. Un gros frisson le traversa, le faisant glousser, puis il ramena son attention sur Hernest.

- Alors... Vous pensez que ça va intéressé notre ami commun?

Lökir eu un large sourire... à la fois inquiétant et passionné.

"J'en suis persuadé."

Il appréciait beaucoup l'étalage d'arme qu'il avait sous les yeux, c'était facilement visible. Lentement, presque cérémonieusement, la salamandre entreprit de remballer chacune des grenade dans son tissus. Il parla au jeune homme tout en les rangeant ensuite sous son comptoir, lui jetant de petits coups d’œil une fois de temps en temps.

"Je n'avais aucune idée qu'il avait requis les services d'un artificier aussi... inventif. Vous méritez à juste titre le contrat qu'il vous a proposé. Par contre... J'ai un peu de difficulté à croire que vous avez appris tout ça chez les Dead Apos... je me trompe?"

Une fois la dernière grenade rangée, il s'appuya confortablement sur le comptoir et prit son verre en main, manifestement en état de conversation.

Le roux l'observa, remarquant qu'il aimait ses créations. Il s'adossa contre le comptoir, presqu'amusé de le voir ranger les grenades avec cérémonie, pour refermer son sac à dos, le ramenant vers lui. Malgré le fait qu'il en avait sorti les grenades, il semblait encore très lourd. Avec un oeil avisé et un minimum de timing, un bon observateur pouvait voir le mortier qui s'y trouvait également.

Il déposa ensuite son sac fermé à ses pieds, pour relever un peu son masque et boire un peu de l'alcool qu'on lui avait gentiment offert. La question le fit réfléchir un peu, puis glousser.

- Bha... Y'a probablement d'autres artificiers qui sont tout aussi inventifs que moi dans le district. Mais bon... Disons que j'suis assez particulier comme gars... Y'a les toxicomanes, les alcooliques, les junkies... Et moi, qui est drogué aux explosifs, si on veut... *Il se gratta l'arrière de la tête, glissant sa main sous sa tuque* ...pas que j'en consomme, mais si j'ai pas mon explosion par période de temps X, je panique... Bref, ça fait que j'essais de toujours faire mieux. Les Dead Apos n'ont rien à voir là-dedans. Ils donnent des connaissances de base pour la constructions... Mais le reste, c'est moi. Simplement ma petite tête de roux complètement tarée qui a besoin de sa dose d'émotion forte!

Il soupira, à moitié fier, à moitié découragé par lui-même, pour reprendre quelques gorgées de son verre, toutes petites, le terminant assez rapidement. Il ne savait visiblement pas boire et s'en moquait.

- Pas juste ça, je suis incapable de sortir de chez moi sans avoir une charge qui peut exploser sur moi... S'en est ridicule... Imaginez le psychologue qui entend ça!

Il eut un petit rire, semblant toujours aussi épuisé.

Le zoomorphe prit une nouvelle gorgée de son verre, savourant l'effet de la douce chaleur se répandant à travers son abdomen. Beaucoup de choses lui avaient manquée lors de son voyage vers le district, ce genre de petits plaisirs en était assurément un. Il avait un sourire solidement accroché au visage, sans aucun doute en train de s'imaginer ledit psychologue en train d'essayer de ne pas paniquer.

"C'est effectivement une rôle de dépendance... mais d'un autre côté elle a quelque chose de saine: beaucoup de gens se détruisent eux-mêmes à cause de leurs problème, les obligeant dans le processus à toujours augmenter la dose pour arriver au même contentement. Ils entrent dans un cercle vicieux où la solution est également le problème. Tandis que vous... vous extériorisez. Vous détruisez un peu du monde qui vous entoure au lieu de vous faire du mal. C'est une sorte de dépendance stable, sans cercle vicieux."

Lökir eu un petit soupir. Peut-être avait-il trop bien imaginé le psychologue: il venait de diagnostiquer Rick. Il pouffa avant de vider d'un trait le peu d'alcool restant dans sa timbale.

"Mais pour sûr, c'est impressionnant... contrairement à n'importe quelle autre discipline, j'imagine que la maitrise des explosifs est beaucoup plus dangereuse à acquérir."

Il eu l'air songeur un petit moment.

"Mais j'y pense... comment faites-vous pour avoir votre "explosion par période de temps X" ? Je veux dire... faire sauter une grenade dans le district n'est pas exactement subtile, non? "

Il écouta Hernest attentivement, riant légèrement à l'entendre.

- Avoir quelqu'un comme moi, qui doit détruire un peu du monde pour se sentir bien, c'est quelque chose d'assez paniquant pour le reste des gens...

Il déposa le verre sur le comptoir, bâilla un peu, puis fixa Hernest à sa dernière question. Il sembla hésiter un peu avant de répondre, puis se dire que ce n'était pas grave s'il parlait.

- Bha, j'les fais pas sauter dans le district. Je sors des murs pour les faire exploser. La dernière fois, j'ai bien failli m'faire dévorer tout rond par une bestiole, mais habituellement, ça se passe bien.

Il eut un genre de perte d'équilibre, pour rapidement se reprendre, se mettant plutôt bien droit, quittant l'appuis que lui donnait le comptoir. Il baissa ensuite les yeux sur le comptoir, pour ramener son attention sur Hernest.

- Avant de l'oublier... Elle est combien, la poupée?

Le zoomorphe eut un mouvement rapide quand Rick perdit l'équilibre, mais n'alla pas plus loin quand il vit qu'il s'était rattrapé de lui-même. Il récupéra le verre d'alcool avant de poser doucement sa main sur la poupée. La main couverte d'écailles la fit lentement glisser vers la main gantée de son interlocuteur.

"Considérez-la comme un gage de remerciement. Elle prend la poussière depuis l'ouverture de la boutique, je vais être heureux en sachant qu'elle servira à quelque chose."

Lokir acheva de ranger ce qui trainait encore sur le comptoir avant de regarder Rick.

"Peut-être devriez-vous aller vous coucher... si vous vous sentez incapable de rentrer chez vous je peux vous offrir le gite pour la nuit. Ou du moins le temps que vous récupériez un peu..."

La salamandre avait l'air inquiète... mais plus pour l'état dans lequel se trouvait son interlocuteur que des conséquences de ce qu'il venait de dire. L'offre semblait vraiment être faite de bon cœur.

Toujours droit, le roux l'observa pousser la poupée. Son oeil était entrouvert, mais laissa voir son étonnement devant l'article gratuit.

- Un gage de remerciement? Et pourquoi vous me diriez merci? J'veux dire, j'vous ai pas vraiment rendu service... J'ai juste emmené ce que notre ami commun m'a dit d'emmener... J'veux pas vous froisser en disant ça, non plus...

Il soupira, semblant se trouver totalement stupide, pour lentement acquiescer aux paroles du zoomorphe, semblant réfléchir. Pour regarder son propre état, il essaya de faire quelques pas. Il se retrouva à marcher comme un funambule, sans équilibre, pour finalement soupirer de nouveau.

- Y'a beaucoup plus de chances que j'me tue en revenant chez moi... J'dirais pas non à une chaise, quelque part, pour me reposer un peu. Si ça dérange pas, on s'entend...

Il semblait assez mal à l'aise, n'aimant visiblement pas demander des choses.

Lökir eut un petit rire.

"Les affaires ne sont pas aussi fréquentes que vous le penser pour quelqu'un comme notre "ami commun". Surtout quand on essaie de monter un réseau aussi vaste que ce qu'il essaie de monter... Votre partenariat lui fournis une manière très directe d'aller chercher de nouveaux clients et d'étendre ses contacts. D'où le remerciement."

Le comptoir étant maintenant vide, Le zoomorphe passa de l'autre côté, se rapprochant un peu de Rick.

"Si je vous l'ai proposé, c'est qu'il n'y a aucun problème. Je n'ai pas l'habitude de prendre de risques..."

Il s'écarta un peu, désignant d'un petit geste un fauteuil disposé dans un coin de la boutique... une section meuble?

"Vous pouvez dormir là... vous me direz en même temps s'il est confortable! J'ouvre la boutique tôt demain matin, je viendrais vous réveiller en même temps, ça vous va?"

Le rouquin avala de travers, pour acquiescer d'un mouvement de tête. La Salamandre ne devait pas avoir beaucoup d'artificier dans ses contactes. Peut-être même pas beaucoup de contactes du tout. Mis à part lui, personne ne savait vraiment l'étendu de son réseau.

- Hum. Heureux d'participer à quelque chose. Même si j'en connais pas vraiment l'étendu. Si vous dites que ça dérange pas... J'risque d'être partit quand vous allez ouvrir. Connaissant mon sommeil...

Le démolisseur regarda le fauteuil, pour prendre son sac à dos, qui sembla peser deux tonnes. Il le monta sur son épaule avec un grognement, pour aller vers le fauteuil, puis l'observer. Il déposa son sac tout près, pour s'asseoir délicatement sur le fauteuil, d'une manière assez lâche.

- ...ça va être parfait. Vous allez pouvoir dire qu'on l'a essayé et qu'il est certifié confortable! Merci... Vous en faites pas, j'volerai rien.

Il s'étira un peu, pour fermer son oeil. Il avait l'air d'un chat, quand il s'étirait.